Une déferlante de boulot à l'heure du bilan, et les grands froids qui perduraient ne m'avaient pas beaucoup laissé le loisir de partir explorer l'état de la végétation "sauvage" ces temps-ci. Je n'avais pas remis les pieds au bois de Vincennes, à deux pas de chez moi, depuis novembre dernier, je crois, alors que l'année précédente j'y allais, en toute saison, au moins une fois tous les dix jours. Aujourd'hui, malgré la température peu clémente, j'avais envie d'aller faire juste une petite cueillette de ciboulette dont la saison commence vraiment, bien que l'on en trouve quasiment toute l'année... C'est donc sans grande conviction que je suis partie, avec un sac pliable en tissu dans la poche ainsi qu'un petit couteau. Le ciel était magnifiquement bleu mais il faisait quand même très froid. Peu de promeneurs ce matin, quelques coureurs, walkman dans les oreilles, soufflant comme des buffles ! Alors que j'avais à peine cueilli quelques brins de ciboulette et un peu d'alliaire qui commence à émerger mais avec des tiges rouges, signe de froid, hésitant un peu pour de beaux pissenlits (pas trop de temps à leur consacrer pour le nettoyage et lavage...) et regrettant que le tussilage n'en soit encore qu'à l'état de boutons quand j'aurais aimé en récolter quelques fleurs pour une petite poêlée au beurre dont parlait récemment Nicolas (sauvagement-bon) mes yeux se portèrent au loin vers une souche que je connais bien en automne pour y cueillir mes plus belles pleurotes, et je me suis dis (je ne porte pas encore de lunettes...) : "Non, quand on vieillit, on voit moins bien en principe, les choses ne deviennent pas plus gros de loin, j'hallucine !". Que croyez-vous que j'aie pu voir ? Des pleurotes, des "bouquets denses" d'énormes pleurotes ! Un mirage ? Pas du tout ! Voyez vous-mêmes !!! Elles étaient tellement larges que j'ai pensé qu'elles étaient vieilles, malgré leur aspect impeccable. Et, en cette saison, j'avoue que je ne m'attendais pas du tout à trouver un quelconque champignon de souche, mais c'est vrai que j'associe souvent les champignons à l'automne, alors que la pleurote apparaît souvent aussi à la fin de l'hiver ! Or, j'ai testé un coup de couteau sur une pleurote et il est apparu qu'elles étaient très saines et tendres. Aussitôt, en trois passages de lame, j'ai récolté plus de trois kilos de ce champignon que j'aime bien, il m'arrive même d'en acheter de culture. Eh bien, pour une sortie sans grande conviction, c'était plutôt une agréable surprise.
Cueilleurs, vous savez comme moi que le moins amusant et le plus fastidieux quand on rentre d'une récolte, c'est le nettoyage et le lavage des sauvages, qui demandent toujours un soin particulier. Ma ciboulette et mon alliaire, très propres, ont eu droit à un rinçage rapide dans de l'eau vinaigrée, puis à un second rinçage à l'eau claire. Quant aux pleurotes, bien que je n'aime pas laver les champignons trop longtemps, elles sont passées dans un premier rinçage dans de l'eau vinaigrée, avec un léger brossage, puis dans un second rinçage à l'eau claire. Elles n'en ont pas du tout souffert, leur texture est restée superbement ferme, et quel parfum de sous-bois, ça embaumait toute la maison jusqu'aux combles ! Après tout cela, pour un premier repas avec, je n'avais plus envie de passer encore du temps en cuisine, j'ai fait, en employant les moins beaux, une soupe avec des pommes de terre !
INGREDIENTS pour 2 p, pour un plat de résistance (pour une entrée, diminuer un peu les quantités) :
- 400 g de pleurotes nettoyées et coupées en petits morceaux,
- 3 très grosses pommes de terre à soupe épluchées
- 2 échalottes hachées fin,
- 20 feuilles d'alliaire
- tiges de ciboulette
- 1 càs de crème fraîche
- sel, poivre
CUISSON
- cuire les pdt à l'eau, garder l'eau de cuisson
- faire revenir l'échalotte hachée dans un peu d'huile et y faire cuire les pleurotes 10mn à feu assez vif, puis leur ajouter à niveau l'eau de cuisson de pdt, réduire le feu et cuire à feux doux une dizaine de minutes,
- pendant ce temps écrasser à la fourchette ou au presse-purée les pdt, les ajouter aux pleurotes et rectifier le niveau d'eau éventuellement (selon goût, moi je n'aime pas la soupe trop liquide),
- saler et poivrer
- en fin de cuisson, ajouter l'alliaire hachée, remuer,
- servir en parsemant de ciboulette ciselée.
C'ETAIT SIMPLE, mais DE-LI-CI-EUX, le goût des pleurotes était des meilleurs que j'ai eu en bouche jusqu'à présent, à croire que le froid leur réussit !
Un peu de littérature sur ce champignon de culture, aisée maintenant, mais dont le goût est évidemment très loin de celui du "sauvage"...
Ces pages sont extraites de "Le livre des champignons" par Jean-Louis Lamaison, éditions Solar. Un ouvrage essentiellement pratique, peu scientifique donc, mais qui vous permet d'avoir une approche des champignons comestibles les plus connus et faciles à reconnaître... De toutes façons, pour les autres, où il y a beaucoup de risques de confusion, vaut mieux faire vérifier sa récolte par un pharmacien (sauf que la plupart ne s'y risquent pas non plus, dans ma vie quotidienne j'ai rarement rencontré des pharmaciens vraiment intéressés par la question, ou alors ils sont uniquement passionnés par la phytothérapie ou l'aromathérapie et il faut les suivre dans leurs discours !).
Ci-dessous, quelques photos de l'alliaire (alliara petiolata), une plante bisannuelle ou vivace qui pousse en colonie, les feuilles alternées sont munies d'un long pétiole. C'est une brassicacée (parmi lesquelles la moutarde, le cresson...), une crucifère (des fleurs à quatre pétales en forme de croix)... On la voit communément sur les bords de chemin ou dans les endroits partiellement ombragées des bois. Ses feuilles ont une odeur d'ail et son goût en est proche sans les inconvénients pour une soirée aux chandelles ! Il faut les récolter jeunes, après elles deviennent un peu amères...
En été, vous verrez l'alliaire avec ces fleurs blanches... On en voit des champs entiers quelquefois !
Champ d'alliaires, c'est gai et tellement frais !
Quant à la ciboulette (ci-dessous), elle n'est pas difficile à reconnaitre, elle pousse en touffe comme la plante cultivée, et son odeur ne trompe pas !
Et ci-dessous, les premiers signes de vie - de "réveil" plutôt car c'est une vivace - du tussilage, comme le parterre n'était pas très fourni ici, j'ai préféré les laisser pousser un peu plus en fleurs, alors que j'aime bien en boutons aussi ! Ce sera pour une prochaine promenade...
Mince alors, je ne vois rien de tout cela lors de mes balades dans ce bois de Vincennes. Mon oeil n'est pas prêt ou je marche trop vite, ou je ne vais pas aux endroits moins piétinés. Cette pleurote huitre me donne envie, dire que moi je viens de l'acheter en culture!
RépondreSupprimerUne vraie belle promenade! Merci
Ma parole colibri, c'est vraiment, hallucinant, surprenant, ce que tu as trouvé comme pleurottes, je vais me dépêcher de passer mon permis voiture pour aller faire des tours au bois de Vincennes! arrrhhrhrh, tu sais la sensation que c'est de présenter des champignons à un Hobbit!!?
RépondreSupprimerLe bois de Vincenne a vraiment des trésors cachés. Et puis 3 kilos, même si ce n'est pas inhabituel, avec ce froid, c'est quand même exceptionnel ! Dire que de mon côté, je peine à cueillir une centaine de grammes d'ail des ours ...
RépondreSupprimerJoli prémice de printemps ! Je ne m'y connais pas beaucoup en champignons et je n'aurais pas cru pouvoir en trouver des comestibles avec ce froid et sous la neige ! Ici, en Limousin, c'est encore un peu froid pour commencer à jardiner, je pense que dans une dizaine de jours, ce sera l'explosion des fleurs printanières ! Bonne semaine à toi, Colibri, et merci pour la balade.
RépondreSupprimerMado
Il n'y a pas un nuage qui serait passé au-dessus de ta souche, elles sont énormes, ces pleurotes !!! Bon, je me contenterai de les cueillir au supermarché, car je n'y connais vraiment rien. En revanche, j'adore les photographier, c'est toujours un peu magique, les champignons...
RépondreSupprimerJe n'ai pas réussi à trouver ton courriel alors je laisse le coin ici: si tu peux aller jusqu'à Orsay, juste à l'entrée principale de la faculté, il y un chemin qui monte et c'est plein d'ail des ours, en plus dans le campus il y a des plantes et des arbres magnifiques!
RépondreSupprimerC'est un coin bien connu des étudiants chinois de la fac, hihi!mais eux ont tendance à attendre les inflorecences, c'est comme le Hè.
Merci, amis lecteurs pour vos commentaires !
RépondreSupprimer- Oui, Vanessa, c'est une question d'habitude, au début, moi non plus je ne voyais rien car je ne me suis remise à la cueillette que très récemment. Le bois de Vincennes n'est pas l'idéal car il est petit et assez fréquenté, mais on y trouve pas mal de choses, je sors un peu des sentiers balisés et m’enfonce dans les taillis juste pour éviter de cueillir dans les endroits trop piétinés ou les chiens... La première fois que j'ai vu des pleurotes sur une souche, je n'en croyais pas mes yeux, maintenant, dès que je vois une souche, je vais inspecter ; c'est comme pour la langue de boeuf, mais ce n'est pas le même genre de souche !
- Arrrrghhh, CitronVert, tu es en train de me faire couler, avec mon inculture tolkienienne !!! Une fois n'est pas coutme, je n'ai accroché à ce truc-là, et tout le monde me le reproche autour de moi, "Et les hobbits par ci, et les hobbits par là, et "comment, tu ne connais pas les hobbits", ça fait des années que j'entends ça ! Et pourtant, ils devraient être mes copains si j'en crois la devise "Hobbits have a passion for mushroms surpassing even the greediest liking of big people" !!! En tout cas, merci tout plein pour le coin à "ail des ours", j’adorerai en trouver ! Eh oui, le hé, j’en achète, j’aime bien dans le ban bao, par exemple ! Voilà, j'en profite pour rajouter mon courriel blogs sur le bandeau à droite.
- Mado et Mona, j’aimerais m’y connaître bien plus car je suis sûre que j’en laisse des succulents sur la route, de peur de passer de vie à trépas, quand même, j’y tiens à ma petite vie !!!
- C'est vrai, Nicolas, que tu fais des récoltes à me faire rêver, alors, tu penses bien que dès que j'ai un petit kilo de champ, je suis déjà hyper contente. Avec les pleurotes, c'est génial, avec deux platrées, tu remplis vite le panier ! En fait, il faudrait que je m'éloigne un peu plus de chez moi pour de belles récoltes, comme jadis, quand j'avais le temps d'aller du côté des forêts du Berry, du Bourbonnais..., mon meilleur souvenir reste 20kg de cèpes et autant d'amanites vineuses !!!
RépondreSupprimerincroyable! Des pleurotes au bois de Vincennes! De la ciboulette!Les alliaires, je ne savais pas qu"on pouvait les utiliser en cuisine.
RépondreSupprimerBonne soirée!
Si tu n'en trouves pas je te donnerai un autre coin; à propos de Tolkien on dit qu'il existe deux types de personnes sur la Terre du Milieu: ceux qui l'ont lu et ceux qui le liront! Sa trilogie a été le deuxième livre que j'ai lu en français (après le Petit Prince)sans encore bien savoir parler ni lire; je me suis forcé à lire tous les mots sans comprendre, j'avais mis plus d'un mois par tome, mais il m'a permis d'apprendre le français. Plus tard au bout de la 4ème fois, il m'arrivait de le lire pendant les vacances en 4-5 jours!
RépondreSupprimerEh bien, moi, CitronVert, je serais donc d'un "troisième type", pour rester dans les références SF !!! Il y a bien, comme partout, un no man's land sur la terre du Milieu ?!! En tout cas, si la trilogie t'a servi dans l'apprentissage de cette belle langue, chapeau, car l'enseignement devait être bon, vu ton niveau actuel ! Ah, Le Petit Prince, je l'avais usé jusqu'à la corne le premier qu'on m'avait offert... C'est un livre magnifique, de 7 à 77 ans il peut se relire à l'infini... Merci, pour l'ail des ours, je vais encore explorer les alentours de mon bois voisin (Vincennes), puisque vous dîtes qu'il y en a dans la région parisienne, sinon je viendrais piteusement demander une adresse !!!
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