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mardi 9 avril 2019

vergerette du canada, sauvage et invasive mais si bonne à manger

La vergerette du Canada (Conyza canadensis) est une plante sauvage comestible que je côtoie très souvent dans mes jardins et qui, jusqu'à présent, ne m'inspirait pas vraiment en cuisine, son odeur épicée étant assez forte, pas désagréable au demeurant. Ce printemps, où j'ai commencé le jardinage assez tôt, je me suis enfin décidée à la "goûter" avant de la faire disparaître de mes parterres qu'elle a tendance à envahir dès que j'ai le dos tourné ! Qui dit désherbage manuel dit en effet rencontre de tous les types avec les sauvages comestibles, dont la vergerette, je devrais même dire les vergerettes, il y en a beaucoup d'espèces. En ce moment, je fais une cure de "sauvageonnes" que j'aime bien dans l'assiette au  printemps : porcelle, primevère, pissenlit, mâche, compagnon rouge, renouée du Japon, renouée-poivre, ortie, rumex, pâquerette, ficaire, sisymbre officinal, pour ne citer que les plus connues, toutes bonnes à manger ne serait-ce qu'en salade composée pour celles qui se consomment crues. Même si je peux en profiter quasiment toute l'année compte tenu du climat assez clément sous lequel je vis désormais, elles sont meilleures en cette saison.
Aujourd'hui, je vous parle donc en particulier de la vergerette du Canada, dont le goût m'a vraiment conquise. Crue ou cuite, je l'ai adoptée dans  mon alimentation occasionnelle avec plaisir ! 
 
Description : c'est une grande herbacée annuelle de la famille des Astéracées, originaire de l'Amérique du Nord. Apparaissant au départ sous forme de cotylédons fugaces arrondis qu'on pourrait confondre avec ceux de la pâquerette, la rosette basale s'étend ensuite en touffe dense tôt au printemps. Puis surgit la tige principale, velue, d'où partent de tous les côtés des ramifications secondaires. Les feuilles sont longues et étroites, dentées, velues, devenant de plus en plus lancéolées vers le sommet. L'allure générale de la plante est volumineuse, elle peut atteindre aisément plus de 0,80m de hauteur. Les fleurs blanc crème, jaunâtres, forment de nombreux petits capitules groupés sur la tige principale et les ramifications secondaires, elles fleurissent en mai-juin, puis éparpillent les graines, des akènes munis d'aigrettes, n'importe où, ce qui fait considérer la vergerette du Canada comme une invasive. Son envahissement est incontrôlable dans les friches, les décombres, les jardins délaissés où elle se ressème allègrement, et même en ville où elle peut coloniser des trottoirs mal entretenus, surgissant dans le moindre interstice de béton, partout où elle peut s'insinuer, dans les murs, les marches d'escalier... Je n'ai aucun état d'âme à l'arracher quand je désherbe, vu le volume d'un seul plant, c'est hyper gratifiant de gagner au jardin au moins un mètre carré rien qu'en dégageant quatre pieds de vergerettes ! En revanche, comme j'aime bien son goût, je la laisse désormais croître dans les endroits que je laisse sauvagement touffus pour la faune, dans l'espoir de voir à nouveau des familles de hérissons venir hiberner dans mes jardins, c'est trop mimi !

En dehors de ses propriétés médicinales lui permettant de figurer en bonne place dans la pharmacopée, la vergerette du Canada a également l'avantage d'être d'une qualité gustative exceptionnelle. Le but de ce blog étant uniquement expérimental côté cuisine, je vous renvoie pour ce qui est de ses propriétés bienfaisantes à toute la littérature que vous trouverez sur le net à ce sujet, notamment en cliquant ICI, c'est l'article le plus complet que j'ai trouvé, le plus honnête à mon avis.
En cuisine, toutes les parties de la plante sont comestibles.
Confusion possible : avec d'autres vergerettes (Conyza sumatrensis, Conyza bonariensis...). Cette famille comptant de nombreuses espèces, il est difficile de les distinguer les unes des autres, leur seul point commun d'après mon expérience étant leur fragrance. Les identifier à la sortie de terre n'est pas évident, d'où l'importance de les suivre de leur germination jusqu'à leur floraison ou fanaison. Mais aucune de celles citées n'est toxique d'après ma bibliographie.

  
Ci-dessus, deux espèces de vergerettes : à gauche la vergerette de Sumatra, à droite la vergerette de Buenos Aires, d'un vert plus argenté, plus velouté, mais tout aussi poilue !
Avec la vergerette du canada dont ce billet parle essentiellement, j'ai les trois espèces au même endroit, comme en témoigne la photo suivante !
Ci-dessous, encore quelques photos de la vergerette du Canada. Il est possible aussi que, selon le terrain où elle pousse, elle puisse revêtir un aspect légèrement différent de celle que je vous présente.
    

Mon utilisation culinaire : compte tenu de sa saveur particulièrement typée, un mélange de goût de radis, de poivre vert, de mélisse, de cumin, de shiso rouge ou blanc, de polygonum thai ou polygonum odoratum - (je ne connais pas le nom vulgaire en français de cette plante qu'on appelle parfois "coriandre vietnamienne"), que sais-je encore, crue, elle peut relever n'importe quelle salade; cuite, elle est très bonne à la façon des brèdes mafanes (cresson de Para) en ragoût avec de la viande de bœuf, par exemple. Vivant désormais loin de la capitale et des herbes incroyablement parfumées qu'on trouve dans les épiceries asiatiques tout au long de l'année, je suis vraiment conquise par cette plante que je mets volontiers dans les rouleaux de printemps en remplacement desdites herbes, impossibles à trouver dans les boutiques de ma presqu'île. C'est notamment en raison de son goût qui rappelle certains poivres que j'aime bien aussi mélanger la vergerette à des farces de viande, en crépinette de porc par exemple.
crépinette de porc à la vergerette du Canada
préparation 20 mn, cuisson 10 mn
Ingrédients : viande porc hachée, un oignon jaune et une gousse d'ail hachés finement, quelques feuilles de vergette ciselées, sel (pas de poivre pour mieux faire ressortir le goût de la vergerette !), une belle crépinette à découper ou plusieurs petites, selon le nombre de farcis que vous voulez faire.
NB : la crépinette n'est pas fragile malgré son aspect; pour mieux la travailler, je la détends dans l'eau avant, elle est ensuite plus facile à étaler.
  
  • mélanger tous les ingrédients préalablement hachés ou ciselés, ajouter un œuf pour la liaison et saler, puis amalgamer le tout pour former une farce homogène,
  • étaler la crépinette et mettre au milieu un peu de farce, façonner la crépinette dans le format que vous voulez (en général, on les fait plutôt assez plates pour une cuisson à cœur et plus rapide),
  • frire à la poêle environ 3 minutes sur chaque face dans une huile neutre chaude,
  • servir chaud sur un lit de salades sauvages du jardin (c'est "topissime" !), ou froid comme une charcuterie.

En ce moment, j'en arrache à tour de bras, la plante est très bonne à manger car ses feuilles sont encore tendres. Ensuite viendra le temps des fleurs, puis des graines.... Je pourrai alors la récolter pour la faire sécher et boire en infusion pour réveiller mes articulations ! Le séchage devrait lui convenir, et la réduction en poudre ne doit pas être inintéressante. Je vous tiendrai au courant de mes expériences.
Plante à suivre, donc. Je compléterai ce billet par des photos quand elle sera en fleurs et en graines, je n'ai pas retrouvé sur mon nouvel ordinateur ma banque de photos en IDF où je l'ai photographiée à de multiples reprises lors de sa floraison, notamment au bois de Vincennes où j'en trouvais des parterres entiers ! 
*****

11 commentaires:

  1. Incroyable, j'en ai plein mon terrain, je ne savais pas qu'elle se mangeait, et ça a l'air bon, je vais goûter, ça devrait aller, j'aime les plats bien poivrés !

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  2. Merci pour cet article qui lève enfin le mystère sur cette plante qui envahit mon jardin à Nantes! J'ai plein qui font plus de 1,5m. Comme j'ai remarqué qu'elle était plutôt facile à arracher, je la laisse parfois dans les endroits qui m'arrangent. Par contre, je viens aujourd'hui de couper toutes les têtes en fleurs pour éviter qu'elles se propagent. Le parfum de sa racine est plutôt agréable, un peu comme celui du pissenlit je trouve. J'essaierai de la cuisiner à l'occasion!

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  3. merci pour vos commentaires, Anonymes. On m'interroge souvent sur cette plante en en m'envoyant des photos... à tous les stades de végétation ! Il manque dans mon billet des photos de ces plantes au stade de la floraison et des graines (en ce moment), je vais aller les photographier pour compléter les images. MOi aussi,j'en laisse toujours quelques pieds dans le jardins mais si on veut s'en débarrasser, elles sont faciles à arracher, il faut le faire avant qu'elles ne dispersent leurs graines. J'aime bien le goût, très prononcé, des jeunes feuilles au printemps, je n'ai encore jamais essayé les graines...

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  4. Suis arrivée sur votre site car j'essayais de trouver le nom des plantes qui poussent dans les villes, entre les fissures et interstices, suis fascinée et donc j'aime bien les prendre en photo. Merci pour votre article, je crois que l'une d'elles est bien la vergerette de Sumatra, ne savais pas qu'elle est comestible :)

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    1. Bonjour So, ah oui, je me souviens des trottoirs parisiens où les vergerettes de toutes sortes perçaient dans le moindre espace de terre ! C'est vrai que c'est fascinant ces végétaux qui arrivent à pousser dans le moindre interstice, et je ne parle pas de l'agaric des trottoirs, un champignon qui arrive même à percer le bitume !

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  5. Bonjour, je cherchai quelle était cette plante sauvage au goût subtil, j'avais confondu les toutes jeunes rosettes pour une espèce de plantain corne de cerf(c'est pourquoi j'ai goûté sans hésitation, et trouvé qu'elles étaient bien meilleures que celles que je cueille d'habitude. j'ai donc prélevé une rosette que j'ai incorporée à ma soupe de sauvages).
    La semaine suivante, tellement étoffées et montées sur tige épaisse et charnue, elles ne ressemblaient plus du tout au plantain, j'ai donc parcouru le web pour les identifier, et suis arrivé, heureux sur cette page. Les deuxième et troisième photos sont exactement ce que j'ai cueilli, mais avec la description, le doute m' est venu, car il est écrit : "Les feuilles sont longues et étroites, dentées, velues". Si elles sont effectivement longues et dentées, elles ne sont pas si étroites par rapport aux autre vues de cette page, mais, surtout, ce que j'ai cueilli n'est absolument pas velu, les feuilles sont totalement imberbes, pas plus que la tige épaisse et brune ou les premières feuilles sont tombées donnant un aspect en "tronc de palmier" miniature sortant de terre avec sa rosette au bout. Alors que dois-je en penser ?
    Je n'ai rien trouvé d'autre sur le web.
    Merci de me dire si vous le savez.

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  6. J'ajoute que j'ai photographié un spécimen, mais comment le joindre ?
    en tout cas même si ce n'est pas la vergerette du canada, cette plante est très bonne au goût.

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    1. Ah si, l'adresse mail, j'envoie...Merci d'avance

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  7. bonjour Insam,
    Merci pour ce long commentaire et pour le mail. Vos photos SEMBLENT correspondre à l'une des vergerettes, celle du canada décrite dans le billet. Il est toujours difficile d'affirmer une identification sur une photo de plante cueillie hors son environnement, mais je ne connais pas de confusion si on on se fie aussi à son goût très marqué de condiment, proche du périlla ou shiso si vous connaissez. Les feuilles sont effectivement assez imberbes sur le dessus, mais comme sur la 4ème photo du billet, dès que la tige apparaîtra plus adulte, elle pourrait devenir velue ! Quant à l'étroitesse des feuilles, c'est un peu subjectif, peut-être. C'est lancéolé, sans doute, ce qui les distingue des feuilles dites larges ou rondes. Je confirme, la vergerette du canada est très bonne au goût, en ce moment les rosettes de printemps sont appétissantes, j'ai fait des boulettes de poisson blanc avec hier, c'était délicieux ! Dommage que je ne puisse pas les garder toutes dans le jardin, c'est avec regret que je les arrache au moment du nettoyage de printemps, mais j'en sauvegarde toujours quelques-unes pour qu'elles essèment, j'en ai ainsi toute l'année au milieu de mes fleurs ! Bonne lecture et à votre disposition si nécessaire.

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  8. Attention quand même Insam, dire qu'une plante est "bonne au goût" ou à l'odeur n'est pas un critère de comestibilité : sans être british, on ne plaisante pas avec les sauvages si on ne leur a pas été présenté, ça peut être dangereux !

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  9. Dans quelle conditions peut-on la récolter en ville : précautions ?

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