observation préliminaire

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samedi 2 novembre 2013

"châtaignes dans les bois...

... se fendent, se fendent, châtaignes dans les bois se fendent sous nos pas... c'est la fin de l'été...". Eh oui, tout a une fin... et même la saison des châtaignes. Alors que je n'arrêtais pas de voir les bogues tomber sur le capot de la voiture tout au long des routes voici un bon moment, je n'avais pas encore eu le temps de m'en régaler. Depuis quelques jours, j'ai quand même pu en récolter pas mal, dans les hauteurs de mes bords de mer, avec, bien évidemment, le souvenir de ces rimes qu'on n'arrêtait pas de chantonner tout au long du chemin, enfants, lorsqu'on partait, tout joyeux, pour les ramasser, munis de bâtons pour taper sur les enveloppes piquantes qu'on prenait bien soin de ne pas toucher ! 
Arbre à la silhouette majestueuse s'il en est, je ne vous présente ici que succinctement le châtaignier commun (Castanea sativa), tellement il est connu car présent partout en Europe, notamment sur tout le pourtour de la Méditerranée, et, s'agissant de la France, pour les lieux que je connais, spécialement en Corse où il colonise naturellement des forêts entières, comme, également, en Ardèche, dans le Limousin, où on trouve souvent ces châtaigneraies qui font le bonheur des apiculteurs.
 
Seuls les jeunes châtaigniers ont gardé leurs feuilles
vertes en ce moment... L'automne est déjà bien avancé...
Loin de mes "arbres à pain" corses et bourbonnais que je connais bien pour les fréquenter de mon enfance jusqu'à aujourd'hui, je suis allée à la rencontre des bretons, en explorant un peu les boisements de bocage du coin. Mais rien à voir, effectivement, avec les vastes domaines où ils s'épanchent dans les régions précitées.
Le mot "châtaigne" réveille en moi une furieuse envie d'entendre crépiter et exploser ces graines farineuses dans l'âtre, ou de me rappeler ces soirées entre joyeux compères que nous pouvons être, en train de deviser sur tout et rien tout en s'adonnant à cette tâche conviviale mais combien fastidieuse de l'épluchage. Cet arbre m'interpelle plus au niveau des souvenirs d'enfance et des lectures, tant son utilisation, de son bois à ses feuilles, jusqu'à sa graine, est multiple dans beaucoup de domaines, que du goût de la châtaigne elle-même.
Cuite à l'eau, grillée dans une poêle spéciale à trous dans un feu de cheminée si on peut, ou encore sous la cendre si on aime le risque, hi, la châtaigne est une "graine" que j'adore, certes, grignoter mais je n'éprouve de plaisir que lorsque je vais les ramasser moi-même. En effet, au-delà de son goût délicieux sous toutes ses formes, même crue, au-delà du fait qu'elle représente aussi l'aliment providentiel, c'est avant tout ce qu'elle symbolise pour moi qui participe de ce goût : le pur bonheur intérieur de voir l'été s'envoler et me laisser entrer dans ma saison de prédilection, avec ses promenades dans une nature aux couleurs "klimtiennes" si chatoyantes, le ralentissement de la végétation qui nous invite au même rythme, à prendre le temps dans la journée où les lumières n'aveuglent plus mais prêtent à regarder, à chercher au-delà de l'horizon, jusqu'à ces soirées plus intimistes dans la chaleur du foyer re(n)fermé...
Pour le ramassage des châtaignes, j'ouvre d'un coup de bâton les bogues fraîchement tombées, un peu entrouvertes, pour en extirper les graines dont on peut déjà ainsi évaluer la grosseur, ou je récolte celles qui viennent de s'en échapper en tombant à terre, elles-ci sont alors bien brillantes, avec un petit reliquat de duvet de la bogue. Ne ramassez pas les graines ternes, elles sont par terre depuis un moment et certainement attaquées par toutes sortes de larves, insectes ou autres pour lesquels, aussi, c'est la providence qui tombe du ciel en ce moment où nourriture se raréfie dans les sous-bois...
Les châtaignes qui sont assez petites ne manquent pas de saveur mais il faut être patient pour les manger, et, dans ce cas, je les grignote à la façon d'un cynorhodon, c'est-à-dire que j'entaille un peu avec les dents le toupet, et je fais sortir la pulpe soit avec une pression des doigts, soit avec entre deux dents, tout simplement...
Outre le plaisir de l'apprécier de la sorte, la châtaigne se prête bien sûr à de nombreuses utilisations en cuisine dont je ne me lasse pas d'année en année. A la base, il faut d'abord la cuire à l'eau.
ma méthode de cuisson à l'eau des châtaignes
(je n'incise pas les fruits, je trouve que l'eau qui pénètre dans la graine la rend moins savoureuse, sans compter que je n'ai jamais été convaincue que cela facilite l'épluchage, et que, ce qui fait éclater la graine à la cuisson, c'est plutôt le feu trop vif...)
  • laver à grande eau les châtaignes après la récolte
  • les mettre dans une casserole avec une bonne pincée de gros sel (*)
  • couvrir d'eau froide très largement (+10 cm du niveau)
  • porter à ébullition quelques minutes puis réduire le feu à moyen
  • cuire 30 à 45 mn selon grosseur des graines (pour vérifier la cuisson, il suffit d'en piquer une avec la pointe d'un couteau ou d'en goûter une, hi, et, pendant la cuisson, réajuster éventuellement le niveau de l'eau pour que les graines soient toujours couvertes)
  • éteindre le feu et laisser tiédir dans la casserole.
Si on doit éplucher les châtaignes, c'est à ce moment-là qu'il faut le faire, avant que la peau à l'intérieur de l'écorce ne recolle à la chair !
Sinon égoutter et grignoter à volonté !
(*) Le sel a le pouvoir d'exhaler les parfums et de renforcer le goût de certains aliments.
UTILISATION CULINAIRE
Une fois cuites et épluchées, ce que j'en fais habituellement :
  1. Crème de marron sucrée : recuire les graines épluchées en mouillant avec de l'eau à niveau, en ajoutant du sucre cristallisé et un peu de sucre vanillé (quantité selon goût) - Mixer. Pour un dessert, servir telle quelle, avec une larmichette de whisky ! Je m'en sers aussi en garniture pour des crêpes sucrées.
  2. Purée de marron salée : même principe que précédemment, mais sans sucre - Saler et poivrer à volonté - C'est une bonne garniture pour du gibier.
  3. Farce pour volaille (pintade, dinde, poulet, caille...) : hacher fin oignon, ail et lard fumé, faire revenir, ajouter un peu de chair de porc frais hachée, continuer à faire revenir légèrement, laisser tiédir la préparation, saler et poivrer, ajouter les châtaignes grossièrement émiettées, bien mélanger le tout et laisser reposer jusqu'au moment de farcir la volaille.
  4. Poëlée forestière : faire revenir une échalote hachée fin, ajouter les champignons (pleurote ou autre champignon d'automne à chair ferme tel que rosé des près, agaric sylvestre, cèpe...) émincés assez épais, faire suer et réabsorber l'eau rendue, une fois la préparation bien sèche, ajouter les châtaignes, saler et poivrer, laisser nature ou ajouter beurre ou crème selon goût. Chauffer à feu vif pour que le tout soit bien chaud. Servir aussitôt en accompagnant d'une viande, en fourrage de crêpe, en bouchée garnie... Il m'arrive aussi de rajouter du lard fumé dans la préparation.
  5. Et, bien sûr, toutes sortes de gâteaux, glaces... (un futur billet, avec recettes complètes car cela nécessite un peu plus de détails, et aujourd'hui, je n'ai pas le temps de rechercher les photos dans mes anciens ordinateurs, que je n'ai d'ailleurs pas sous la main, n'étant toujours pas rentrée...)
  6. Hier soir, après le lapin et sa garniture forestière (châtaigne et champignon), je n'ai pas résisté à émietter quelques châtaignes nature façon crumble sur ma compote de pomme à la badiane : cuire les pommes genre canada grise coupées en gros morceaux dans de l'eau à niveau, avec quelques badianes, un jus de citron, et du sucre (une fois la compote cuite, il ne doit plus avoir d'eau dans la casserole mais une belle fondue de pommes).
La saison des châtaignes est courte, aussi je m'en régale pendant une quinzaine de jours, de mes récoltes seulement, sans en acheter dans le commerce où souvent elles traînent, ternes et délaissées tant l'épluchage rebutent tant de gens, et histoire pour moi de guetter à nouveau le plaisir de voir et d'entendre les châtaignes se fendre sous mes pas l'année prochaine ! J'espère qu'à ce moment-là, je tomberai en même temps sur une famille nombreuse d'agarics sylvestres (Agaricus silvicola), celle rencontrée hier, avec ses quatre ou cinq membres tout transis et trahis par une brève éclaircie, ne m'ayant pas incitée à les déranger ! Pourtant, ils étaient beaux et bien sains et auraient suffi pour ma garniture forestière, car le chapeau de l'agaric sylvestre est d'un bon diamètre et quelques têtes suffisent parfois à en faire tout un plat !

L'agaric sylvestre est un champignon à grand pied lisse, plein à creux, blanchâtre à légèrement rose ou gris violet avec de très fines fibrilles. Il possède un anneau très ample, plus ou moins double, parfois floconneux, avec une marge dentée. Le chapeau a un bon diamètre allant souvent au-delà de 5cm. Ceux de la photos avaient bien 10 cm au minimum. Sain et jeune, il est blanc, parfois légèrement nacré de crème, virant au rose-lilas avec l'âge, avec des lames libres, étroites, serrées, à arêtes brisées, d'un rose-gris clair virant au violet-noir, voire brun-noir au moment de sa décomposition. La chair est épaisse au sommet du chapeau, et s'amincit vers les bords, elle a une odeur agréable, très légèrement anisée, sa saveur est douce, avec un tout petit goût d'amande. C'est un très bon comestible, mais
ATTENTION, ce champignon peut prêter à grande confusion avec beaucoup d'amanites très toxiques, voire mortelles. Ne le cueillez que si vous êtes sûr de son identification.
 
En attendant, d'autres plaisirs tout aussi intenses vont être au rendez-vous, pour l'amoureuse de la nature que je suis, avec, en prime, je l'espère, bientôt la maturité des arbouses car j'ai repéré une forêt d'"arbres à fraises" (arbousiers, Arbutus unedo) de l'autre côté de l'estuaire. Mais je ne sais pas si j'aurai des fruits mûrs d'ici fin décembre, lors de mon prochain séjour en Bretagne, on est loin du climat corse ici, et certains arbres ne portent que des fleurs pour l'instant, alors que celles-ci devraient côtoyer fruits de l'année déjà mûrs et d'autres de toutes les couleurs, c'est un peu la caractéristique de cet arbre au tronc tortueux très beau, dont j'aurai certainement l'occasion de vous reparler car c'est un de mes arbres préférés, pour diverses raisons.
 

vendredi 1 novembre 2013

où donner de la tête en ce moment, entre champignons qui poussent ni'mporte où, châtaignes sous les pieds partout, et mûres qui n'en finissent pas de mûrir !

Quelle étrange année, le calendrier de cueillette en est tout retourné, et tant mieux pour moi qui n'arrive pas à tenir un quelconque calendrier tout court !
Toujours attardée dans ma Bretagne pour diverses raisons, alors que je devrais être rentrée sur Paris depuis plus d'un mois, quelle frustration de ne pouvoir sortir panier à la main plus souvent quand, autour de moi j'entends parler de pêche miraculeuse, de cueillettes folles (de mûres ou de champignons). Encore plus de 15° ici, hier !
Après ma cure de bigorneaux communs noirs, dont je raffole sans me lasser (un long billet sur la pêche à pied sera publié bientôt, quand j'aurai le temps d'ajouter des photos au texte) et que j'ai pu "cueillir" sans peine en ayant découvert un coin juste à côté de la maison, quelques repas de coques, palourdes et praires glanées, pendant les sorties photos, sans projeter d'en pêcher réellement, dont je me lasse assez vite, des ormeaux ou coquilles St-Jacques servis généreusement à tous les repas chez les potes du coin, j'avais plutôt envie de nourriture plus végétale.
En allant fermer mes pentys, hier, je suis descendue dans le chemin creux pour ramasser quelques châtaignes, le temps que la machine à laver termine son cycle. Or, sur les talus qui bordent les champs abandonnés à une végétation folle, que vois-je, à travers la lumière du soir ? Les beaux chapeaux que voici, de toutes les tailles, ci-dessous en photo !
 
Lépiote élevée, de toutes les tailles et formes
 
Une troupe de lépiotes élevées, dites "coulemelles", se dressait devant moi, à plusieurs stades de végétation, toutes aussi belles les unes que les autres ! Vision féérique pour un cueilleur de champignons ! Difficile de résister, même si ce n'était pas prévu au programme...
Si vous n'y connaissez rien aux champignons, faire très attention lors de la cueillette de ce champignon dont la famille est assez nombreuse, avec, parmi ses membres, quelques indésirables qu'il faut ou vaut mieux éviter. Personnellement, je ne mange que la lépiote élevée (Macrolepiota procera), celle qui risque le moins de prêter à confusion avec des espèces moins hautes et plus petites, dont quelques-unes (la lépiote  brune ou helvéolée, très toxique, voire mortelle, la lépiote châtain, la lépiote à crête, toutes deux toxiques aussi, la lépiote déguenillée, considérée comme toxique mais parfois consommée impunément).
ATTENTION DONC, lorsque vous ne connaissez pas ce champignon, de vous assurer qu'il s'agit bien d'une lépiote élevée, et, par précaution si vous avez des doutes, ne consommez que ceux de cette famille qui ont un pied assez haut, de 10 cm ou plus... Mes lépiotes avaient un pied d'au moins 20 cm, étant précisé que celui-ci peut parfois atteindre deux fois plus...
FICHE DESCRIPTIVE : ce haut champignon à grand chapeau est commun, il pousse souvent aux abords des bois clairs, dans les champs, dans les taillis. On le rencontre dès le début de l'été. Sa forme, jeune, en baguette de tambour est remarquable. Son chapeau, à l'âge adulte, se présente comme une ombrelle assez ample et échancrée, il possède un mamelon brun au sommet, qui se détache bien de sa "robe" blanche, parsemée de "peluches" brunes, appelées aussi "écailles". Le pied est long, il porte un anneau double coulissant, sa couleur est blanc mais très largement chiné de brun. Les lamelles sont libres, à spores blanches.
  
 
Sur la photo ci-dessus, on voit bien l'anneau double coulissant sur le pied.
 
CUEILLETTE et PREPARATION avant utilisation culinaire
Ne récolter que les sujets sains, indemnes de toute attaque, avec un chapeau intact et des lamelles encore blanches (sur les vieux sujets, des traces de marron apparaissent au bord du chapeau et des lamelles) - Couper le pied en lui gardant quelques bons centimètres (surtout sans abîmer la partie souterraine, le mycellium). Même s'il n'est pas mangeable car très coriace, ce pied permet au champignon de garder sa forme jusqu'à la maison. Une fois rincé, à l'eau claire légèrement vinaigrée, ôter ce pied et ne conserver que le chapeau, à éponger avec du papier absorbant.
C'est un champignon que j'aime beaucoup utiliser :
 
en "steak"
pour les chapeaux les plus épanouis
"Griller" les chapeaux à la poêle sur feu vif, rapidement, quelques secondes sur chaque face, ajouter un  peu de beurre, assaisonner (sel, poivre, persil haché très fin), c'est tout ! Souvent c'est ainsi que je m'en régale.
 
en fricassée
Hier soir, j'avais peu de temps et très faim après une longue journée de travail, rien à manger dans frigo, vidé depuis quelques jours en prévision d'un départ que je repousse tout le temps, que des pâtes (des trottole) dans le placard, un beau pied de persil sur le mruet. La recette, simplissime, a été dévorée sans manières ! C'est ainsi que je prépare mes champignons quand je n'ai pas le temps d'élaborer des recettes plus raffinées, et c'est comme cela que, finalement, je les apprécie le mieux /
  • couper les coulemelles préalablement rincées et épongées en gros morceaux,
  • faire chauffer la poêle avec un peu d'huile neutre
  • y jeter une échalote hachée fin, puis les coulemelles
  • faire sauter à feu vif, le temps que les champignons rendent leur eau et la réabsorbe
  • saler et poivrer, ajouter le beurre et le persil haché
Cette fricassée peut se déguster telle quelle, accompagner une viande rôtie ou encore être mélangée à des pâtes ou à un risotto au dernier moment, à des huîtres frites, à des œufs en omelette... L'essentiel est de s'en régaler, sous quelque forme que ce soit car c'est un bon champignon.
Je remplace parfois le beurre par de la crème fraîche.
Avant de le rajouter à n'importe quel plat, bien laisser le champignon réabsorber l'eau qu'il a rendue, et, surtout, ne jetez pas cette eau pendant la cuisson !
 
De saison aussi, les châtaignes ! Alors, n'hésitez pas à recourir à une garniture forestière, en les mélangeant avec cette fricassée de champignon (ma recette dans le prochain billet, j'attends d'attraper le lapin qui va avec !)
 
 

lundi 28 octobre 2013

confiture insolite pour une belle plante liane, la Passiflora caerulea, et en prime une floraison insolite, celle de mon rhododendron en plein octobre

Vu le temps magnifique qui continue de perdurer ici, en Bretagne (sauf qu'au moment où je me décide à écrire ce billet, la tempête sévit un peu partout autour de moi !), je m'attarde encore sans me décider à rentrer sur la capitale. Je musarde dans mes jardins, aux alentours, je continue mon jardinage intensif et, surtout le nettoyage intensif aussi : les trombes d'eau qui sont tombées en début d'année ont transformé mes arbustes, même les nains, en monstres indomptables !
Dans la maison que j'ai louée à quelques kilomètres de mes penys, une voisine s'extasiait devant ma haie de passiflore, ornée en ce moment de ses magnifiques fruits orangés. J'en avais installé quelques pieds pour masquer le vilain grillage à poule qui clôt cette location, il y a trois ans. C'est une plante liane qui pousse très vite et beaucoup (plus de 6 et jusqu'à 10 mètres !), mais je n'avais pas fait attention, au moment de l'achat, à l'étiquette : cette passiflore, "fleur de la passion", devait joindre l'utile à l'agréable car j'adore le fruit de la passion. Mais voilà, je ne savais pas qu'il en existait tant de familles et dans la même famille tant d'espèces ! Or, si la Passiflora edulis donne effectivement le fameux fruit au parfum délicieux que l'on consomme souvent en sorbet, sa cousine, la Passiflora caerulea, elle, est plutôt décorative, c'est celle qu'on utilise le plus à titre ornemental. C'est cette passiflore qui agrémente mon grillage séparatif de la rue en ce moment. Bien que ses fruits soient comestibles à maturité parfaite (mais ne pas en abuser car ils contiennent de l'acide cyanhydrique), leur saveur est d'un intérêt très limité, à ce qu'il me semblait la première fois que je les avais goûtés.. Ma voisine m'a dit qu'elle en fait des confitures. Moi, la confiture, j'adore en faire, mais il faut que le fruit en vaille la peine, et le fruit de la Passiflora caerulea ne m'inspirait pas beaucoup. J'ai quand même tenté l'expérience. Le résultat est curieux. Ce fruit n'a pas la saveur acidulée et le parfum intense de celui de la Passiflora edulis, mais ses graines sont très agréables sous la dent car bien craquantes à l'extérieur et tendres à l'intérieur, avec un léger goût de grillé qui rappelle celui du sésame, flirtant avec cette pointe d'amertume que l'on retrouve souvent dans bon nombre de baies sauvages telle la sorbe. 
confiture de fruits de la Passiflora caerulea
  • choisir les fruits mûrs à point, pas trop avancés (d'un bel orange, pas trop mous, et attention aux fruits verts, ils peuvent être indigestes, et, de toute façon, ils sont immangeables)
  • récupérer la pulpe en ouvrant le fruit et en s'aidant d'une petite cuillère ou  la pointe du couteau
  • peser cette pulpe, ajouter 300g de sucre et le jus d'un gros citron pour 500g de fruit
  • laisser reposer le mélange une heure ou deux (facultatif)
  • cuire à feu vif pendant environ 20mn
  • mettre en pots à chaud, bien visser le couvercle et laisser le pot retourné sur celui-ci jusqu'à complet refroidissement (pour parfaire la stérilisation si les pots n'ont pas été correctement lavés et séchés).
 
 
NB : ce fruit est plein de graines et très mucilagineux, ce qui facilite grandement la prise en confiture, on n'a pas besoin de cuire très longtemps pour atteindre la gélification, 20mn pour une cuisson parfaite du sucre et du fruit sont largement suffisants.
C'est sans hâte que je vais préparer les valoches pour repartir sur la capitale, voici bientôt deux mois que je suis ici à flemmarder, à prendre le temps de regarder le jour se lever, le soir tomber, la pluie et le soleil s'entrecroiser, quand ce n'est pas la brume qui s'invite en plein après-midi radieux sur fond de ciel bleu, me surprenant au milieu de nulle part et d'ailleurs, au milieu de la mer qui est partie, entre deux rochers qui, tout d'un coup, disparaissent de ma vue me donnant la sensation d'être seule au monde sur une planète inconnue, comme si, tout d'un coup, elle avait happé tout ce qui m'entourait...
Et pourtant, il faut que je rentre, quelques affaires à régler m'attendent depuis trop longtemps, mais je ferais bien comme ce rhododendron qui se croit déjà au mois de mars prochain, sa floraison est en train d'exploser en plein octobre, je voudrais bien avoir une saison d'avance sur mon emploi du temps...

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ADDENDUM
du 30 octobre 2013
pour la Passiflora caerulea ou coerulea.
Après le commentaire de Yann, je précise qu'on voit indifféremment ces deux orthographes (sans doute une erreur qui s'est perpétuée ?) pour la traduction de "bleu(e)", étant précisé qu'en latin "bleu" se dit "coeruleo" et bleuE "coerulea" !!!). Je profite de l'occasion pour publier encore quelques photos sur cette fleur que je trouve vraiment magnifique.
Quand je l'ai installée, il y a trois ans, je n'ai eu que très peu de fleurs la première année, pour tout dire, je crois même que je n'en avais eu... qu'une, photographiée ici en fruit recto verso ! La haie était encore très clairsemée en tiges et en feuilles.

Mais dès la deuxième année, elle s'est densifiée très rapidement, sans arrêter de proliférer à vitesse V, comme on le voit sur la photo ci-après, et, au bout de cette troisième année, la voici qui a couvert tout le grillage à cacher. C'est une plante idéale pour orner un mur moche ou un grillage à poule pas du tout décoratif à mon goût ! Il lui faut cependant du soleil, où elle prospère mieux, et, surtout une terre qui draine bien. La première année, comme toute plante qu'on met en place, ne pas laisser dessécher la motte en arrosant régulièrement. Une fois bien installée, elle ne demande plus grand soin particulier, et ces photos, prises hier, la montre encore en pleine floraison d'arrière-saison, quand ses fruits sont déjà transformés en confiture et continuent encore à mûrir sur pied.
 
 
 
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Image insolite dans mon jardin en ce moment : c'est la première fois qu'il me fait "ça", ce rhodo, à fleurir ainsi en plein octobre, défiant superbement fuschia en passe d'être taillé et houx dont les boules rouges annoncent déjà décembre... Je me demande ce qu'il fera en mars prochain, hi ! Je me souviens qu'au printemps dernier, il avait eu ses boutons tous pourris par l'abondance d'eau tombée sur lui. C'est vrai que cette année, les cycles sont un peu perturbés. J'espère que, contre les prévisions de mon paysan voisin, on  ne va pas payer le splendide été qu'on a eu, et ce bel automne encore bien gai...

jeudi 12 septembre 2013

ficoïde, figue marine ou figue des Hottentots

Pour répondre à Francine, qui m'a laissé un commentaire et posé une question, je fais d'une pierre deux coups en rééditant un court billet sur cette plante crassulescente facile à reconnaître en bordure de mer où elle se plaît en terrain sablonneux. Idéale comme couvre-sol à titre décoratif, il faut cependant faire attention si on veut meubler un mur ou un talus de son jardin car elle est cataloguée comme "envahissante". Il s'agit de la ficoïde.
Le nom savant de la plante, Carpobrotus (qui signifie en grec "fruit" "comestible") edulis (ou acinafiromis, une espèce voisine), donne une indication sur sa comestibilité. Effectivement, dans son pays d'origine, l'Afrique du Sud, elle a servi à nourrir une certaine population pendant les périodes de disette, d'où son surnom aussi de "figue des Hottentots".
 
Fiche descriptive : plante prostrée à rampante, ligneuse à la base, glabre, à tiges anguleuses pouvant atteindre plusieurs mètres, formant un tapis épais. Les feuilles sont opposées, soudées deux par deux, charnues, oblongues, en triangle, rigides et pointues, variant jusqu'à 10mm de long. La fleur, isolée, est ronde, d'un bon diamètre, de couleur vive, presque fluo, rosâtre pourpre ou jaune, avec de nombreux pétales linéaires et des étamines jaunes. Le fruit est charnu, rappelant une figue, d'où son nom commun de "figue marine".
 
Utilisation culinaire : j'ai seulement tenté, pour l'instant, de confire au vinaigre ses fruits. Expérience peu convaincante car la plante est assez mucilagineuse, ce qui n'est pas très agréable en bouche, il faut aimer cette texture. En revanche, j'aime bien sa saveur astringente, et l'idée de Francine d'en faire une confiture (vous connaissez, vous qui me lisez souvent, ma frénésie pour cette confection culinaire !) ne peut que me tenter ! Comme pour les confire au vinaigre, j'utiliserai donc le fruit : toute la partie verte charnue, après avoir coupé à ras au  niveau de la fleur fanée. J'espère avoir répondu à l'attente de Francine, avec cette précision.
Pour l'instant, la plante est encore en fleur. Je ne suis pas sûre que les figues seront mûres d'ici mon départ... Quelle année perturbée pour les cueillettes !
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vendredi 19 juillet 2013

consoude (réédition) et mise à jour photos et commentaires

La grande consoude, aussi appelée consoude officinale, consoude commune (Symphytum officinalis) attire beaucoup de lecteurs sur ce blog, certains m'ont posé des questions, d'autres ont apporté leur contribution à élargir mes connaissances, je les en remercie et réédite, à l'intention de tous et à toutes fins utiles, un billet renvoyant à celui d'août 2010, avec les commentaires susceptibles de parfaire l'intérêt des uns et des autres pour cette plante, intérêt dont ce blog à vocation conviviale veut bien se faire l'écho.
Vous pouvez lire la fiche descriptive ICI, où vous trouverez également quelques suggestions de l'utilisation que j'en fais en cuisine.
Aujourd'hui, je vais me contenter de compléter les précédents billets par quelques photos car, ainsi que le fait remarquer Daniel ci-dessous, c'est une plante "sédentaire" qui ressème facilement, pour mon grand bonheur car c'est une belle plante que je photographie souvent, d'autant plus que, pour la raison susévoquée, mon "coin" au bois  est maintenant envahi de grandes consoudes. J'en trouve facilement tout au long de l'année, et même après le fauchage dès lors que c'est une plante vivace qui repart aussitôt rasée si sa racine reste en place et pour peu qu'il y ait un peu d'humidité. La "repousse" d'ici l'automne, si le temps n'est pas trop sec, me permettra de m'en régaler encore probablement jusqu'au début de l'hiver.
C'est une plante herbacée, très robuste et résistante. Elle se multiplie par graines et aussi par boutures, selon le commentaire d'Anonyme du 13/08/2010, confirmé par celui de Daniel du 10/07/2013, deux commentaires que je publie intégralement ci-dessous :
 
"Chez B-actif (cherchez sur le net...) vous pourrez trouver des boutures de consoude (variété Bocking 14) qui font des feuilles ÉNORMES dès la deuxième année (je n'ai pas d'actions chez eux, mais je suis un de leurs clients satisfaits)"
 
"...Je confirme les propos de Anonyme du 13/08/2010.
On trouve des boutures de consoude Bocking 14 chez B-actif, l'avantage c'est que cette consoude ne se graine pas en se ressemant partout, contrairement à la consoude sauvage, elle reste "sédentaire"...
J'ai eu à plusieurs reprises la personne qui s'occupe de cela à Scaër, un accueil sympa et des conseils avisés...je lui ai dit qu'il ne ferait pas fortune en vendant ses boutures car au bout d'un an il suffit de sortir la racine, la couper en morceaux et chacun d'eux fera à nouveau un pied!!!!!
Je vais faire des recherches mais j'ignorais que la consoude pouvait avoir des fleurs jaunes. Je suis septique mais je vais rechercher...".
 
Je rappelle que les fleurs de la grande consoude sont comestibles aussi. Elles peuvent revêtir des nuances de blanc, blanc-crème, jaune (mais oui, Daniel !), rose, bleu ou mauve ! En tout cas, j'en trouve de toutes ces couleurs !


   
  
 
Beau parterre de consoude milieu de printemps dernier 

En revanche, j'ignorais que la consoude pouvait se multiplier par division de racines, c'est fort économique comme moyen de reproduction, je pratique cette méthode pour beaucoup de mes fleurs de jardin ! Je vais essayer car, en Bretagne, je ne l'ai rencontrée que trop rarement à l'état sauvage pour en cueillir. Or c'est une plante que j'aime beaucoup en cuisine, notamment comme "wrap", ses grandes et larges feuilles étant assez résistantes et son goût, qu'on identifie souvent à celui du poisson, se prêtant à beaucoup de préparations salées.
Pour le sucré, je n'ai encore jamais tenté l'expérience : si quelqu'un en a déjà fait du sirop ou une boisson, merci de me le signaler et de m'en décrire le goût, car cela intéresse aussi un de mon lecteur du 4/7/13. Vu le goût de poisson prononcé qu'elle a, je me demande quelle saveur aurait un sirop de consoude !!! Mais pourquoi pas, c'est un végétal, rien ne s'y oppose, mais je ne crois pas que je prendrai du temps pour ce faire ! Je suis preneuse d'une description de votre part pour en connaître le goût virtuellement !
Je profite de cette réédition pour remercier tous mes lecteurs silencieux, et en particulier, aujourd'hui, Carine D., de Binche en Belgique, pour son sympathique courriel. Je lui dédicace ce billet et publie pour elle, ci-dessous, en parallèle, des photos de consoude et de rumex crépu, aux feuilles un peu plus étroites que le rumex à feuilles obtuses dont elle m'a soumis des photos pour identification, le risque de confusion, s'agissant de la comestibilité, entre consoude et rumex n'étant pas dramatique puisque ces plantes ne sont toxiques ni l'une ni l'autre, étant rappelé cependant qu'il faut appliquer les précautions d'usage pour les deux lors de la consommation en raison de leur substance spécifique. Pour ma part, sur le plant du goût pur, je préfère de loin la consoude au rumex !

  
Sans entrer dans des détails botaniques rébarbatifs pour des profanes, il y a une grande différence de toucher entre ces deux plantes : le rumex est lisse de toute part, quand la consoude est rugueuse en raison de ses poils présents sur l'ensemble de la plante, tige y comprise, ce qui la fait comparer à du velcro.
Ci-dessus, photos de consoude au printemps. Au départ la plante a un aspect légèrement "velouté" (attention, à ce stade, on peut la confondre avec la digitale, plante extrêmement toxique). Ce "velours" deviendra rapidement assez rugueux pour "piquer" au toucher et s'apparenter au velcro. Une fois la plante coupée, les parties blessées s'oxydent très vite.
Ci-dessous : le rumex (ici, un rumexcrépu) est en revanche très lisse sur toute la plante, elle peut présenter une sève assez gluante à la coupe.
 

 
Les fleurs de rumex sont assez insignifiantes, d'un blanc-crème, ses graines, très nombreuses, couleur rouille à brun foncé, se propagent partout facilement, d'où l'envahissement des jardins si on n'y prend garde, surtout qu'elles ont un pouvoir de germination assez long (dix ans !). Si on veut les éliminer manuellement, il faut vraiment arracher la racine entière, ce qui est tâche si peu facile qu'on a "inventé" le fer à rumex !!!
En revanche, la consoude a des fleurs plutôt jolies, elles attirent le fameux bourdon qui y fait des trous partout ! Ci-dessous, encore quelques photos, rien que pour le plaisir des yeux. Inutile de vous dire que, compte tenu de ma passion pour le bleu, ce sont les fleurs tirant sur le mauve qui ont ma préférence !
  
 
 
 

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