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lundi 1 août 2011

entre deux rincées, une bonne rasade de...

...liqueur, c'est bon ! Mais, attention, vaut mieux en avoir derrière les fagots, car, quelles qu'elles soient, les liqueurs, il faut les oublier très longtemps avant de les consommer. Je regrette toujours que, faute de temps, j'en fasse très peu car, c'est un peu comme pour la confection de la confiture, il y a, dans ce rituel une sensation étrange où générosité et convivialité se mêlent, dans une étrange bigarrure, à un peu de narcissisme : "Ouah, elle est bonne ta confiote (ou ta liqueur) !", c'est le genre d'exclamation qui apporte autant de satisfaction et de plaisir dans le bonheur partagé que dans le cérémonial solitaire, magique, qui a précédé, dans ses moindres détails, de la cueillette jusqu'à la préparation des ustensiles, des ingrédients à travailler, du silence qui ne laisse parler que les choses, dans toute leur simplicité... Ne penser à rien d'autre qu'au doux sentiment de pouvoir regarder le temps passer avec sérénité, à travers ces gestes que l'on mesure avec une précision d'alchimiste, de pouvoir le prolonger encore au-delà du travail accompli, dans l'attente que toute cette préparation se fasse dégustation puis gourmandise... La liqueur, c'est encore plus magique, elle ne nécessite pas de cuisson, phase que je n'affectionne pas particulièrement dans la fabrication de la confiture, le pire étant la mise en pots à chaud et le nettoyage de la cuisine !
Côté pratique, la fabrication d'une liqueur nécessite peu de matériel : un grand bocal ou des bouteilles à gros goulots pour pouvoir y introduire les fruits et le sucre qui, mélangés à l'eau de vie, devront macérer au moins six mois avant que la macération soit filtrée et le liquide mis en bouteille dans des flacons fermant bien. Pour la cueillette, il faut suivre les saisons et avoir les feuilles ou fruits au bon moment, en général, les premières doivent être nouvelles et tendres, les derniers à point et surtout pas trop mûrs.
Aujourd'hui, je vous propose deux recettes : liqueur de feuilles de pêcher et liqueur de prunelles. Simplissimes à réaliser, la première est cependant soumise à une condition sine qua non : avoir un pêcher parfaitement sain dans son jardin ; la seconde ne demande qu'un peu de patience lors de la cueillette et de la préparation des fruits. Les proportions données ci-dessous sont approximatives, le principe étant de remplir le bocal de macération avec un certain poids de fruits et de sucre et de compléter avec l'eau de vie.
LIQUEUR DE PRUNELLE

FICHE DESCRIPTIVE DU PRUNELLIER :
prunelles mûres en octobre-novembre, avant
les premières gelées
Le prunellier ou épine noire (Prunus spinosa), un arbuste épineux que l'on ne présente pas tellement il est omniprésent partout dans nos haies, reconnaissable au printemps grâce à sa floraison précoce de fleurs oblongues blanches apparaissant avant les feuilles, à la forte senteur d'amande, puis croulant sous ses fruits (prunelles, aussi appelées béloces, fourdraines dans le Nord...) qui virent vite du vert au bleu-noir sous une pruine blanchâtre, pour rester ainsi accrochés à ses branches très agressives tard dans l'hiver. En principe, c'est alors que les premières gelées sont passées qu'on cueille les prunelles, car c'est à ce moment-là qu'elles d'adoucissent au goût et deviennent assez molles pour la consommation, perdant beaucoup de leur âcreté. Pour ma part, je les cueille à maturité parfaite dès que je peux, en octobre-novembre, notamment en Bretagne où je n'ai pas besoin de les laisser blettir par le froid, car les prunelles dans ce coin-là sont assez grosses et souvent charnues, elles sont consommables telles quelles sans être trop astringentes et conservent, avant le gel, une très légère âcreté que je ne déteste pas.
prunelles vertes

 UTILISATION CULINAIRE : confiture, gelée (en mélange ou non avec d'autres fruits) ; liqueur.
Ma recette de liqueur de prunelle
Pour 2 litres de liqueur :
- 1,5 kg de prunelles
- 400 g de sucre (ou plus, selon goût)
- eau de vie (environ 1,5 l)
J'ai utilisé pour la macération un grand bocal de 3l à couvercle fermant bien.
- laver les prunelles, les laisser sécher à l'air libre ou les essuyer en les tamponnant avec un torchon propre rincé à l'eau claire puis complètement séché (ou du papier absorbant),
- piquer les prunelles en plusieurs endroits avec une grosse aiguille ou les inciser légèrement au couteau (il faut avoir du temps devant soi !)
- les mettre dans le bocal, ajouter le sucre et l'eau de vie jusqu'à ras bord, bien remuer, fermer le bocal, laisser reposer, en remuant de temps à autre, pendant six mois au moins,
- au bout de ce temps, filtrer et remplir des bouteilles propres avec un couvercle ou bouchon qui permettent une parfaite étanchéité pour la conservation. Oublier dans un coin au moins un an, j'en ai une qui date de... presque 30 ans, elle est dé-li-cieuse !

LIQUEUR DE FEUILLES DE PECHER
pour 1 litre de liqueur :
- 50 feuilles de pêcher cueillies sur la sommité des jeunes pousses de l'arbre, bien vert clair et saines,
- 200 g de sucre (ou plus selon goût)
- 75cl environ d'eau de vie
J'ai utilisé une bouteille à gros goulot pour la macération
- bien laver les feuilles de pêcher, les laisser sécher à l'air libre ou les tamponner avec du papier absorbant,
- les mettre dans un bocal ou une bouteille à gros goulot fermant bien,
- ajouter le sucre et l'eau de vie, bien remuer,
- laisser reposer au moins six mois, en remuant de temps à autre (secouer la bouteille de haut en bas plusieurs fois de suite),
- filtrer et mettre dans un flacon ou une bouteille à fermeture étanche, compléter éventuellement avec de l'eau de vie pour atteindre le niveau maximum, conserver dans un endroit à l'abri de la lumière. Attendre au moins six mois avant de consommer.
Cette recette m'a été inspirée par Sacha, dont je recommande tous les blogs et, en particulier, si vous êtes intéressés par les liqueurs, celui de son délicieux jardin secret (cliquez ICI)


liqueur de prunelle (à gauche et à droite)
et liqueur de feuilles de pêcher (au milieu) filtrées
et mises en bouteille
Ces liqueurs macèrent depuis l'année dernière. J'ai profité du temps exécrable en Bretagne (et partout d'ailleurs dans le reste de la France !) lors de mon dernier séjour mi-juillet pour les filtrer et mettre en bouteille. Yapluka patienter quelques ans, avant de se rappeler leur existence, un soir de tempête, par exemple, où, après avoir essuyé vent glacial, pluie sans discontinuer pendant toute la journée, on est content de se retrouver à l'abri de sa chaumière où, dans la cheminée, dansent les flammes de bûches crépitantes, avec, à côté, le chat qui ronronne dans votre fauteuil favori ! Ne reste plus qu'à le dresser à vous apporter un verre, rempli de cette bonne liqueur, ce serait encore plus mieux ! Euh, faudrait déjà lui apprendre à vous rendre votre place quand vous rentrez à la maison !!!
Comme promis, je dédicace ce billet à Nelson,
et je lui offre, virtuellement, ma vieille réserve :
prunelles de NIORT (Deux-Sèvres)... 198???, dont il ne me reste que ces deux bouteilles, la différence de couleur est flagrante : de rouge bordeaux au départ, elle est devenue pruneau ! A consommer avec modération !
*******
ADDENDUM du 04 août 2011
Une sympathique lectrice m'a donné la recette suivante dans son commentaire, je vous en fais profiter :
"pour ce qui est des feuilles de pécher on peut aussi en faire un apéritif selon la recette qui est la mienne depuis.... je sais plus quand, ni méme qui me l'a donné.. donc 40 feuilles saines de "pécher" ramassées entre le 1 aout et le 5 septembre (je ne sais pas pourquoi ces dates) a faire macérées un mois dans un litre de vin rosé ou blanc sec ajouter 150 de sucre.. un peu de vanille laisser a l'abri du soleil 1mois et demi.. filtrer et boire a l'apéro bien frais..."
Merci Claire, à ta santé aussi !

6 commentaires:

  1. bonjour Colibri, bonjour à tous,
    Temps maussade qui a au moins le mérite de nous offrir le loisir de nous connecter sans remords... le jardin travaille tout seul à se gorger d'eau...
    J'avais une recette de vin apéritif fait avec de l'écorce d'oranges amères et de camomille, je vais la rechercher ....
    Merci Colibri pour votre réponse personnelle au commentaire que je ne pouvais pas joindre ici..
    Bonne journée
    Amicalement

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  2. Salut Colibri, je viens de passer sur C&D où j'ai laissé un com. Merci pour la dédicace ici, elle doit être fabuleuse, la liqueur 198??? ! Comment fais-tu pour les garder si longtemps ;))

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  3. coucou,
    merci, pour ce joli post
    pour ce qui est des feuilles de pécher
    on peut aussi en faire un apéritif
    selon la recette qui est la mienne depuis....
    je sais plus quand, ni méme qui me l'a donné..
    donc
    40 feuilles saines de "pécher" ramassées entre le 1 aout (je ne sais pas pourquoi ces dates)
    a faire macérées un mois dans un litre de vin rosé
    ou blanc sec
    ajouter 150 de sucre..
    un peu de vanille
    laisser a l'abri du soleil 1mois et demi..
    filtrer et boire a l'apéro bien frais..
    c'est plus vite bu que la liqueur
    mais une recette n'empéche pas l'autre..
    belle et douce soirée a toi,
    je vais, de ce pas,
    cuire ma premiére courge spaguetti du jardin,
    pour cette année...
    en sirotant, un verre de "LIMONCELLO" maison,
    a ta santé....
    bizzzzzzzz claire
    et le 5 sepembre

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  4. Je suis preneuse, une bonne recette de liqueur d'oranges amères, je connaissais, mais alliées à la camomille, je suis curieuse, merci Evelyne !

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  5. Nelson, pour tout t'avouer, je les avais oubliées dans un carton qui a déménagé au moins deux fois, je viens seulement de le défaire pour trier... en prévision d'un autre déménagament ! Les étiquettes n'étaient même pas apposées !!! J'en ai goûté une gustule, mmmmmmm...., c'est trop bon !
    PS : merci à toi de m'avoir sortie de ma paresse habituelle, sans toi, je n'aurais pas publié mes recettes qui traînent depuis un moment en "brouillon", il manquait juste le texte qui allait avec !

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  6. C'est parfois un peu mystérieux, les recettes de grand-mère ! Y aurait-il quelque chose de magique dans ces dates ?!! En tout cas, j'essaierai ta recette d'apéro, la perspective de le siroter sur ma terrasse tranquillou me réjouit déjà ! Je n'ai encore jamais essayé la courge spaghetti, ça m'intrigue pourtant beaucoup ! Quant au limoncello, hou la la, on peut en boire des litres et des litres sans s'en rendre compte ! Merci pour ta recette, Claire, je l'ai ajoutée à mon billet !
    PS : pour les histoires de dates ou autres choses tout aussi mystérieuses, j'ai retrouvé un bouquin très marrant : "Infusions et vieux remèdes par les plantes" de Juliette Brabant-Hamonic, aux éditions Ouest-France, qu'un pharmacien m'avait offert, il y a des trucs assez marrants...

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