A gauche, clitocybe améthyste A droite, son sosie, le clitocybe laqué |
L'automne dans les bois, on pense bien sûr paysages aux couleurs klimtiennes, poésie des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, de quoi satisfaire l'esprit vagabond du promeneur purement contemplatif, romantique, ou simplement chasseur d'images et/ou cueilleur invétéré, appareil photo ou panier à la main, parfois les deux. Moi-même, à l'ère des appareils numériques légers et faciles à caser dans une poche, je sors rarement sans, au cas où... C'est difficile de se retenir de faire clic-clac, non à peine clic tout court quand on n'entend même pas le déclencheur, c'est tout juste si j'arrive, sans viseur (je ne m'y habituerai jamais !), à cibler l'objet s'il n'est pas à portée de vue immédiate. J'ai raté ainsi les perruches (eh oui, elles commencent à proliférer à deux pas de la capitale...), passant d'un arbre à l'arbre, avec leur cri caractéristique, au-dessus de ma tête tout au long de ma promenade.
Les deux variétés, à tous les stades de la végétation. A remarquer, sur le chapeau bien développé, la forme ombiliquée très nette. |
Cette année, je n'ai guère de temps à consacrer à la cueillette, de toute façon, je n'ai rien découvert de nouveau que je n'avais déjà dans ma banque d'images en attente d'être publiées d'où, peut-être, mon désintérêt passager pour la cueillette et les recettes un peu répétitives (manque d'imagination !) mais, en allant rendre visite à T. dans le bois l'autre jour pour voir s'il n'avait besoin de rien d'autre pour l'hiver hormis ce qu'il avait déjà émis, la dernière fois que je l'ai vu, comme souhait de recevoir, et me rassurer sur la santé des bébés chats abandonnés à sa porte récemment, j'ai senti l'odeur des champignons partout autour de moi, si, si, c'est vrai, au moindre de mes pas largement amortis par un épais tapis bien souple mais pas du tout détrempé, signe d'une humidité suffisamment propice à la sortie des champignons ! Et, de fait, j'en ai rencontré des parterres magiques, de toutes sortes ! Malheureusement, pas de panier, ni même un sachet en poche, juste un petit sac en papier cartonné dans lequel j'avais mis, à l'allée, des pots de miel et de café pour T. Au retour, ma cueillette s'était donc limitée à ces nombreux clitocybes améthystes qui sortaient leur superbe chapeau bleu-violet des amas de feuilles fraîchement tombées, d'une couleur assez uniforme rendant le repérage assez difficile pour un oeil peu averti. A part quelques pieds bleus (Lepista nuda)et une énorme langue de boeuf (fistuline hépatique - Fistulina hepatica) (sujet déjà publié, voir dans les libellés), je m'étais donc contentée de ces minuscules individus qui se présentaient joyeusement à ma vue, en colonie, d'un endroit à l'autre du bois. Je n'avais pas un grand contenant, aussi n'en avais-je récolté qu'un bon kilo, sans difficultés. C'est l'un de mes champignons préférés, mais souvent, pour le cueillir, il faut s'armer de patience compte tenu de sa taille et des endroits où il aime souvent croître (dans les broussailles !), bonjour le mal de dos et les égratignures de ronce !
Clitocybe améthyste
(Laccaria amethystea)
MA DESCRIPTION :
Champignons prêts à être cuisinés |
Récolté jeune, c'est un bon comestible à chair très parfumée, ce qui peut d'ailleurs indisposer ceux qui le rejettent pour cette raison-là et le classent dans la catégorie des comestibles médiocres.
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ATTENTION aux risques de confusion avec deux espèces toxiques :
A certains stades de végétation ou par temps de pluie qui délave les couleurs, le clitocybe améthyste peut être confondu avec la mycène pure (Mycena pura) dont le chapeau, rose violacé, à sa différence, présente un mamelon, et qui est facilement reconnaissable à son odeur de radis ; chez son son sosie laqué, il y a beaucoup plus de risques de confusion, notamment avec l'inocybe à lames terreuses (Inocybe geophylla), mais le chapeau de celui-ci est pointu et mamelonné et non ombiliqué.
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MON UTILISATION EN CUISINE
C'est un champignon que je ne mange que cuit.
Nettoyage : contrairement à ce qu'on préconise pour ne pas nuire au goût des sauvages, à savoir de "seulement essuyer les champignons", je pratique pour tous les champignons comme pour les plantes : un premier lavage très rapide à l'eau légèrement vinaigrée, un second tout aussi rapide à l'eau clair, c'est fou ce qu'il y a comme "détritus" même en pratiquant une cueillette "propre", c'est-à-dire pied nettement coupé ; bien égoutter sur du papier absorbant (je mets du papier au fond d'un grand cuvette, j'y verse les champignons, puis je donne quelques mouvements de poignée vers moi avec les deux mains de part et d'autre du contenant, pour faire changer de place les champignons sans les toucher ; puis je transvase dans un panier métallique à trous et laisse encore sécher ainsi quelques instants avant utilisation).
Cuisson de base : faire revenir un peu d'oignon et d'ail hachés très fin dans de l'huile neutre, y jeter les champignons, saler et poivrer, faire suer à feu vif pendant 5 mn (le temps qu'ils rendent puis réabsorbent leur eau),
Emploi : cette garniture peut être servie telle pour accompagner ou garnir une omelette, une viande rôtie, on peut la mélanger avec des pommes de terre sautées, ou avec d'autres ingrédients (viande cuite hachée, poisson blanc) pour en faire une tourte, la mélanger à un risotto…, ou encore en faire un feuilleté dont voici ma recette.
Recette (pour 4 personnes) : il faut 500g de pâte feuilletée et 500g de champignons préparés comme dit dans la cuisson de base, un peu de maïzena et un peu de crème fraîche. Il suffit, au moment de la cuisson de base des champignons, de pratiquer comme suit pour que la poêlée soit bien sèche lors du garnissage de la pâte feuilletée : lorsqu'ils sont cuits, saupoudrer les champignons de maïzena, bien répartir et cuire 1 ou 2mn (la maïzena doit devenir translucide) et la préparation devenir sèche, sans jus – Laisser refroidir complètement la préparation avant d'en garnir la pâte – Façonner les feuilletés comme vous en avez envie, en quatre portions individuelles ou en une portion à découper – Enfourner à mi-hauteur à 220-230° pendant 20-30mn (tout dépend de votre four)...
Servir aussitôt, soit en entrée chaude avec une salade (sauvage, de stellaire intermédiaire (Stellaria media), par exemple, dont c'est la pleine saison aussi !) à côté, soit en garniture d'une viande rôtie. Il m'arrive aussi, au moment de garnir les feuilletés, d'ajouter des coquilles st-jacques, du poisson blanc, des moules, du veau, les uns comme les autres déjà cuits ou précuits et coupés en dés, pour en faire un plat de résistance bien savoureux et très parfumé !
Nicolas (cliquer sur le nom pour arriver sur son blog "Sauvagement-bon") qui, je cite, "adore aller en forêt les ramasser, (...) les cuisiner et (...) les déguster !". Un enthousiasme que je partage, sans avoir le temps, malheureusement de pratiquer plus souvent !